Un jour, un objet

Le brigadier
Quel est ce bâton garni de velours rouge, clouté de cuivre et orné d’une tête de gendarme ?
Il s’agit du Brigadier, le bâton des trois coups de théâtre ! Loin d’être une représentation des forces de l’ordre, son nom est tiré du nom ancien du régisseur des salles de spectacle : le brigadier. Le bâton, utilisé par ce dernier pour frapper trois fois le sol et attirer l’attention des spectateurs juste avant le lever du rideau, a pris le nom de son utilisateur, par métonymie.
Pourquoi cette tradition des trois coups de bâton au théâtre ?
Une explication religieuse : les trois coups frappés feraient référence au Père? au Fils et au Saint-Esprit, et donc à la Trinité. À une époque où le métier de comédien est très mal vu par l’Église, ces trois coups servaient peut-être à demander symboliquement l’aval de l’Église.
Une explication royale : les trois coups seraient en réalité trois saluts aux puissants par les artistes. Le premier au roi, côté cour; le deuxième à la reine, côté jardin ; et le troisième au Dauphin. À la révolution, la destination de ces trois coups aurait glissé vers un salut au chef-machiniste côté cour ; à la prétendante (la comédienne au centre de la pièce jouée) côté jardin ; et enfin un salut au public.
Une explication pratique : il s’agit de la plus probable, ou du moins de la plus récente. Le brigadier (régisseur) martelait le plancher de scène pour prévenir les trois équipes de machinistes, situées respectivement aux cintres (la partie située au-dessus de la scène), en coulisses et en dessous de scène. Ces trois équipes répondaient en retour chacune par un coup de l’endroit où elle se trouvait, et ainsi, par trois coups de bâton distincts, signifiait au régisseur comme au spectateur que le spectacle pouvait commencer, et que le lever de rideau était imminent !

Les cordes
La théorie des machinistes
Le métier de machiniste (ancêtre du technicien) est à l’époque, et encore aujourd’hui, un métier à la fois dangereux et réclamant une haute technicité, ainsi que des qualités d’adresse et de force nécessaire à la manœuvre des machines. Ces qualités se retrouvent essentiellement dans les métiers de la marine. C’est donc tout naturellement que, historiquement, les premiers machinistes de théâtre sont embauchés parmi les marins souhaitant se sédentariser.
Outre leur technicité et leur agilité, les marins amènent aussi avec eux tout un lot de superstitions au théâtre… La plus connue d’entre-elles est l’interdiction formelle de prononcer le mot « corde » sur scène, alors que celles-ci sont pourtant bien présentes et nombreuses ! Sur un bateau, on ne parle en effet du mot « corde » que pour désigner celle de la cloche servant à saluer les morts de la marine. On comprend donc pourquoi le mot n’était pas synonyme de joie, mais plutôt de destin sinistre…
La théorie du Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, les troupes de théâtre itinérantes vivaient dans une extrême pauvreté, et dans la faim permanente. Selon la légende, il n’était alors pas rare de retrouver des acteurs pendus pour avoir volé de quoi manger.
La théorie de l’incendie
À l’époque où les salles étaient encore éclairées à la bougie, les théâtres, en majeure partie composés de bois, étaient fréquemment le lieu d’incendies catastrophiques. Pour pallier ce danger omniprésent, de gigantesques seaux d’eau étaient disposés dans l’enceinte du théâtre et retenus par une corde qu’il ne fallait tirer qu’en ultime recours, car l’eau contenue y était croupissante et nauséabonde...